La Réforme protestante est l'un des mouvements les plus influents de l'histoire européenne, et la Suisse y a joué un rôle central, devenant un foyer de bouleversements religieux, politiques et sociaux au XVIe siècle. À cette époque, la Suisse, composée de multiples cantons indépendants, a vu émerger deux figures majeures de la Réforme : Ulrich Zwingli à Zurich et Jean Calvin à Genève. Leur influence a dépassé les frontières suisses et a profondément marqué l'histoire européenne.
Ulrich Zwingli, né en 1484 à Wildhaus, est devenu prêtre à Zurich en 1519. Inspiré par les idées de Martin Luther en Allemagne, il a lancé un mouvement de réforme dans l’Église catholique suisse, prônant un retour aux enseignements bibliques et critiquant les excès de l'Église. Zwingli croyait en une approche plus rigide et austère de la foi, rejetant notamment la messe traditionnelle, l'adoration des saints et la confession obligatoire. Son influence s'est rapidement étendue aux autres cantons, entraînant des changements radicaux dans les pratiques religieuses et les relations entre l’Église et l’État.
Parallèlement, Jean Calvin, un réformateur français qui s'installa à Genève en 1536, a joué un rôle tout aussi important dans la transformation religieuse et politique de la Suisse. Calvin a établi à Genève un modèle de gouvernance théocratique, où la religion protestante et la vie politique étaient étroitement imbriquées. Son œuvre majeure, "L'Institution de la religion chrétienne", a servi de guide non seulement pour les pratiques religieuses, mais aussi pour les structures sociales et politiques.
La Réforme en Suisse n'a pas seulement changé les pratiques religieuses. Elle a également profondément influencé la politique, en renforçant l'idée d'une gouvernance locale décentralisée et en limitant le pouvoir des structures religieuses internationales comme le Vatican. Les cantons protestants ont progressivement adopté des systèmes de gouvernement basés sur des principes démocratiques et de participation citoyenne, jetant les bases du fédéralisme suisse.
Cependant, la Réforme n'a pas été un processus pacifique. Des guerres religieuses ont éclaté entre les cantons protestants et catholiques, entraînant des divisions profondes au sein de la Confédération suisse. Les batailles de Kappel en 1529 et 1531, où Zwingli a perdu la vie, ont montré la brutalité des conflits religieux de l'époque. Néanmoins, malgré ces tensions, la Suisse a réussi à préserver son unité politique, adoptant finalement une politique de tolérance religieuse.
Aujourd'hui, l'héritage de la Réforme est visible partout en Suisse, notamment à Genève, qui est parfois appelée "la Rome protestante". Des monuments et des musées dédiés à Calvin et Zwingli attirent des visiteurs du monde entier, rappelant l'importance de ces figures historiques dans le façonnement de la Suisse moderne.